François, dix années riches en surprise

François, dix années riches en surprise

Editorial de Marco Impagliazzo pour La Nuova Sardegna

Le pontificat du pape François, dont on fête demain le dixième anniversaire, peut être considéré comme une grande surprise, non seulement pour l'Église catholique, mais pour le monde entier. Venu "du bout du monde" - comme il l'a dit lui-même dès son élection -, il représente une nouveauté sans précédent par son style, par certaines décisions de rupture (dont le choix même de son nom et celui de ne pas vivre dans le Palais apostolique), par ses paroles et sa relation privilégiée avec les pauvres.

On peut se demander quelle est la contribution de ce pape d'origine argentine au relèvement d'une Église qui, après la démission de Benoît XVI - dont il n'est pas responsable - était de toute façon considérée en déclin. La crise, en effet, semble être la condition permanente de toutes les institutions aujourd'hui. Pourtant, ces années François ont souvent donné le sentiment de vivre un printemps de l'Église. Une nouvelle relation s'est développée entre le pape et tant de personnes qui, en l'écoutant, se retrouvent elles-mêmes.

D'un autre côté, les critiques de ce pontificat n'ont pas manqué, certains exprimant des objections qui semblent venir de la part de ceux qui résistent au changement proposé par François, à savoir la "conversion pastorale", le refus de la mondanité spirituelle et la "sortie". Bref, l'Église en sortie ne plaît pas à tout le monde.

L'une des critiques adressées au pape Bergoglio dans les milieux ecclésiastiques est la simplicité de sa prédication et de sa doctrine. François a déclaré : "L'homélie est la pierre de touche pour comprendre la proximité et la capacité d'un pasteur à rencontrer son peuple". Parmi tant de personnes favorables au travail du pape, il ne fait aucun doute que les milieux perplexes quant à ses décisions sont de plus en plus nombreux. N'a-t-il pas trop investi dans la rencontre avec les gens et la parole ? Quelles nominations a-t-il faites ? Quelles réformes a-t-il introduites ? Ces questions sont également posées par des miilieux radicaux qui souhaiteraient des changements décisifs concernant les femmes dans l'Église, le mariage, la démocratie, etc. Mais le pape a expliqué à plusieurs reprises que sa méthode consistait à ouvrir des processus.

Alors que dix ans de pontificat s'achèvent, le pape apparaît en tout cas comme le seul leader mondial capable de prendre par la main un monde ballotté par de graves crises. Par la force des mots et des images, véhiculés dans le monde entier, le mois de mars 2020, où le Pape s'est retrouvé seul sur la place Saint-Pierre, priant pour le monde frappé par la pandémie, reste l'un des moments les plus marquants de l'histoire de ces vingt premières années du XXIe siècle.

Le Pape parle de l'Évangile sans glose, met les pauvres au centre et montre qu'il y a plus de blonheur à donner qu'à recevoir. Il trace ensuite la géographie d'un monde fraternel et pacifique. Le pape est aussi un père pour les migrants, car pour l'Église, ils sont tous ses enfants, surtout les plus vulnérables. En d'autres termes, François incarne la tension vers l'unité des peuples : une prophétie entre des Églises en conflit (comme les orthodoxes), entre des mondes qui s'ignorent ou se combattent.

On peut se demander si la froideur ou l'hostilité à son égard ne vient pas d'un rejet fondamental de sa vision : le dépassement de la mondialisation de l'indifférence pour une mondialisation humaine et spirituelle qui donne une âme à un monde unifié seulement d'un point de vue financier et médiatique, mais en réalité divisé et impitoyable. François, en proposant une "Église en sortie", trace le chemin d'une communauté vivante qui ne s'identifie pas à une minorité de nostalgiques mais qui est porteuse de la prophétie de l'Évangile, qui ne peut certainement pas rendre tout le monde heureux et qui sait mettre au centre du monde global les questions et les attentes de ceux qui sont encore trop souvent mis à l'écart. Car - comme il le dit souvent - c'est de la périphérie que l'on comprend le mieux le centre.

[traduction de la rédaction]


[ Marco Impagliazzo ]