La guerre en Ukraine créé la famine en Afrique

La guerre en Ukraine créé la famine en Afrique

article de Marco Impagliazzo dans La Nuova Sardegna

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Et l'Afrique ? Ces jours-ci, alors que presque tout le monde parle, à juste titre, de l'Ukraine, on pense peu aux conséquences que la guerre a déjà sur ce continent. Des terres éloignées de Kiev et de Moscou, mais seulement géographiquement, car les effets du conflit ont déjà commencé à peser lourdement, et de manière remarquable, du Caire au Cap. Il s'agit de considérer le point de départ : d'un côté, il y a  l'Europe ou l'Amérique du Nord, dont les économies souffrent certainement déjà et continueront à subir des coups durs, mais qui ont des revenus par habitant élevés. De l'autre, il y a l'Afrique, qui, dans son ensemble, même avant l'invasion russe de l'Ukraine, ne pouvait certainement pas se vanter de sécurité, de développement, de richesse et - dans de nombreux cas - même de liberté et de démocratie.
En d'autres termes, la guerre a surpris des pays qui étaient déjà aux prises avec des fragilités endémiques telles que des systèmes de santé et d'éducation très précaires, un taux de chômage à deux chiffres, des inégalités économiques et sociales, sans compter les dégâts causés par l'urgence climatique et, surtout, par des conflits dont on parle trop peu mais qui existent parfois depuis des années.
Il est donc clair qu'il ne peut y avoir deux poids deux mesures entre le Nord et le Sud du monde. Surtout lorsqu'une guerre éclate, dont les répercussions sont déjà "mondiales" en termes de retombées économiques et sociales. Au cours des deux dernières années de la pandémie, l'Afrique avait déjà subi des répercussions négatives sur son système économique. Dans de nombreux pays, les mesures de prévention - adoptées avec des stratégies très diverses - ont plongé dans la crise une partie importante de la population, dont 80% vit de l'économie informelle : les fermetures initiales et les restrictions ultérieures ont contraint à la fermeture de nombreux petits marchés qui se sont créés spontanément un peu partout, et en particulier les marchands ambulants qui vendent de la nourriture dans les rues des grandes villes.
Mais depuis le début de la guerre en Europe, le coût de la vie a augmenté, doublé dans certains cas. La raison est facile à expliquer : il s'agit de pays qui importent du blé et du maïs, deux produits phares de la Russie et de l'Ukraine, qui comptent parmi les principaux partenaires commerciaux de nombreux pays du continent. Il suffit de savoir que, si en 2021 une tonne de blé coûtait 180 euros et une tonne de maïs 175, aujourd'hui nous sommes respectivement à 440 et 314 euros. Une croissance exponentielle qui a conduit l'ONU à définir plus de 40 États africains comme "à risque", grands clients de ces denrées achetées sur les terres aujourd'hui en conflit, tant pour leurs populations que pour l'élevage et l'agriculture. Autre produit d'importation important dont le coût s'envole : l'huile de tournesol. Et ces derniers jours, comme vous pouvez l'imaginer, le prix de l'essence et du pétrole aussi.
Les grands pays africains - également en partie producteurs de pétrole et de gaz - comme le Soudan, le Nigeria, la Tanzanie, l'Algérie, le Kenya et l'Afrique du Sud sont parmi les plus touchés par les répercussions de la guerre. À tout cela s'ajoute la crise climatique qui continue à créer, dans de nombreuses régions de la ceinture subsaharienne, des problèmes considérables liés à la désertification progressive et au déséquilibre de zones qui, il y a quelques années encore, fournissaient des emplois et assuraient la survie de leurs populations. Des écosystèmes qui, lorsqu'ils sont en crise, produisent également des conflits sociaux et entraînent le déplacement de populations entières, ainsi que les guerres de petite et grande envergure qui touchent encore certains pays, sans oublier les attaques djihadistes qui prennent en otage une partie de plus en plus importante de la bande sahélienne, du Mali au Nigeria.
Face à ce scénario, toujours plus critique en termes socio-économiques, il est logique de s'interroger sur la résilience des sociétés civiles dans les pays les plus à risque, dans un cadre plus difficile et précaire après la pandémie. C'est pourquoi la communauté internationale ne doit pas oublier l'Afrique, qui est une victime collatérale mais non mineure de la guerre actuelle. Une guerre qui, une fois de plus, s'avère être, comme toute guerre, un mal immense.
 
[traduction de la rédaction]

[ Marco Impagliazzo ]