CONGRÈS

Plus de trente Ministres de la Justice réunis à Rome pour promouvoir une culture de vie et lutter contre la peine de mort

Le 14e Congrès international des ministres de la Justice « No Justice Without Life », qui s’est tenu à Rome le 28 novembre 2024, est arrivé à un moment « stratégique » du chemin vers l'abolition mondiale de la peine de mort. Il y a quelques jours, le 18 novembre, la Troisième Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies a approuvé la résolution sur un moratoire contre la peine de mort par 131 voix favorables. Ce fut un vote historique, bénéficiant d’un taux de participation jamais atteint auparavant (voir le Blog No Death Penalty), et dans quelques semaines, la résolution sera soumise au vote de l'Assemblée générale des Nations Unies.

Dans ce contexte, il est donc particulièrement pertinent que cette réunion « No Justice Without Life » rassemble une trentaine de ministres de la justice de pays abolitionnistes et de pays favorables au maintien de la peine de mort pour une discussion franche et constructive.

Dans son discours d'introduction, le Président de la Communauté de Sant'Egidio, Marco Impagliazzo, a souligné la nécessité d'un engagement fort en faveur de la vie « sous toutes ses formes », que la Communauté a fait sienne : de l'action pour l'abolition de la peine de mort à l'attention aux prisons, avec la défense de la dignité des détenus, en Italie et dans le monde, en passant par la protection des réfugiés dans des situations de guerres et de conflit. 

« La Communauté de Sant'Egidio sait que la victoire vers l'abolition définitive de la peine capitale est un chemin progressif », a poursuivi Mario Marazziti, « il s’agit d’humaniser petit à petit et concrètement la vie en prison, en rompant l'isolement, en réduisant le nombre de crimes passibles de la peine de mort, en excluant les personnes vulnérables du nombre de ceux qui peuvent être exécutés, en commençant par les femmes avec enfants, les handicapés mentaux, les enfants, en commuant les peines de mort en peines fermes mais sans mort…  C'est pourquoi nous pensons que l'humanisation de la vie dans les prisons et les couloirs de la mort est un début : pour ne pas infliger une peine supplémentaire, non écrite, à celle déjà infligée. Et pour ne pas humilier par nos systèmes judiciaires en produisant plus de colère et de violence. » (lire le texte complet ici).

Parmi les progrès de la campagne cités par Mario Marazziti, figure le fait qu'en Afrique, on est passé de 5 pays abolitionnistes à 24, et que l'année dernière, seuls 2 pays sur 55 ont appliqué la peine de mort. L'espoir, exprimé par l'orateur et souligné par de chaleureux applaudissements dans la salle, est que l'Afrique devienne le deuxième continent libéré –  dans son ensemble –  de la peine de mort.

Ont suivi les voix de l'Afrique du Sud, pays leader dans l'affirmation de la justice réparatrice, puis de la Zambie et du Malawi. Le « plus jeune » pays présent, le Timor Oriental, né en 1999 avec une Constitution qui ne prévoit pas la peine capitale, a illustré le chemin de la réconciliation après la guerre d'indépendance.

Le ministre italien des affaires étrangères, Antonio Tajani, a rappelé l'importance de soutenir l'élargissement du front des pays qui soutiennent le moratoire universel sur les exécutions, réitérant l'engagement de l'Italie à ouvrir un dialogue et à « convaincre » les pays réfractaires de faire un pas dans cette direction.

Le dialogue s'est poursuivi avec les contributions de la Suisse (où la dernière exécution remonte à plus de 500 ans), de Saint-Marin et de la Mongolie, où le processus d'abolition a conduit à la commutation des peines des 39 derniers condamnés à mort, tandis que des travaux sont en cours sur un code qui prévoit des méthodes de réhabilitation « pour promouvoir une société plus compatissante et décourager la violence ».

La matinée du 28 novembre s'est achevée par les discours du Zimbabwe et de la Guinée. Des rencontres bilatérales ont eu lieu dans les jours qui ont suivi, et le Congrès s’est achevé par une cérémonie de clôture au Colisée, le samedi 30 novembre, avec la célébration solennelle des Villes pour la vie contre la peine de mort.