En Albanie, Jeunes pour la Paix et malades psychiatriques se retrouvent pour un été, dépassant l’isolement des mois les plus durs causés par la pandémie

Il y a 20 ans, j’étais petite quand est arrivé en Italie la Vlora, le bateau rempli de jeunes Albanais à la recherche d’un avenir meilleur. Ces jours-ci, avec les Jeunes pour la Paix de la Communauté de Sant’Egidio, j’ai parcouru le même chemin en sens inverse. Nous sommes allés à Elbasan et ce fut une joie pour moi de pouvoir revoir les amis de l’hôpital psychiatrique Sadik Dinci, après une année et demie de fermeture totale à cause du Covid".

C’est ainsi que commence le reportage de Laura, une jeune fille du groupe des Jeunes pour la Paix de la Communauté de Sant'Egidio de Gênes, qui, cet été, après une année difficile pour l’Albanie – et pas uniquement pour l’Albanie – ont passé leurs vacances d'été en rendant visite à leurs amis Albanais qui sont restés isolés aussi longtemps à cause de la pandémie. 

A l’hôpital séjournent plus de 300 malades psychiatriques, dont beaucoup sont malades surtout de pauvreté : personnes sans famille et sans ressources, des conditions de vie dans lesquelles la moindre difficulté se transforme facilement en une pathologie. Ensuite, la pandémie a tenu éloigné le peu de membres de la famille qui leur rendait visite et a supprimé toutes les sorties vers l’extérieur, même les plus petites, comme celle qui permet d'aller prendre un café au bar, près de l’hôpital.

"Nazif m’a raconté que pendant une année et demie il n’a fait que manger et dormir. “J’étais quasiment toujours au lit. Qu’est-ce que je pouvais faire ? A un moment donné, j’ai pensé que jamais plus personne n’allait venir me trouver » - poursuit Laura.
"J’ai pu rencontrer à nouveau Nazif parce que l’hôpital a accordé à la Communauté une autorisation spéciale pour faire des visites : chaque matin un groupe de malades pouvait finalement sortir des unités pour passer du temps avec nous. Nous nous sommes revus dans la grande arrière-cour en béton autour de laquelle est construit l’hôpital. Dans les yeux de Nazif il y avait tant de joie, après le désespoir provoqué par la longue période d’isolement.  « Je savais que vous reviendriez ! A côté de nous, de nombreux malades penchés aux grilles des fenêtres : ils souriaient et nous appelaient par notre nom, heureux de la visite. Ceci m’a beaucoup touché : ils se rappelaient notre nom, malgré le temps passé ». Leonida lui fait écho. Elle se rappelle les noms de tous les amis connus pendant ces douze années : « vous m’avez fait passé un bon moment – dit-il avec les larmes aux yeux- mais surtout vous ne m’avez jamais oublié : vous êtes notre avenir ».