Pourquoi la Communauté de Sant’Egidio réunit-elle chaque année, depuis neuf ans, les ministres des pays de tous les continents pour discuter des perspectives d’abolition de la peine de mort ? Il ne s’agit pas d’un exercice académique ou d’un événement festif. Au contraire, il s’agit d’un espace dans lequel, dans l’esprit de dialogue qui est la marque des initiatives de la Communauté, sont examinés les parcours possibles et réalistes pour une gestion plus humaine de la justice.
Long est le chemin parcouru depuis plusieurs années désormais, et nombreux sont les objectifs atteints par les congrès internationaux des ministres de la justice, organisés par la Communauté de Sant’Egidio. Dans l’ordre chronologique, le dernier pays à avoir aboli la peine de mort a été la Mongolie, le 4 décembre dernier, en partie grâce à ce patient travail.
Les 22 et 23 février, le secrétaire d’Etat pour la justice de Mongolie sera à Rome avec trente autres ministres et représentants de pays africains, asiatiques, latino-américains et européens. Certains d’entre eux (El Salvador, Rwanda, Timor Est, Togo) ont déjà aboli la peine de mort depuis longtemps ; d’autres (République centrafricaine, Mali, Sierra Leone, Sri Lanka) ont suspendu les exécutions et adhéré au vote de l’Assemblée générale des Nations unies en faveur du moratoire. D’autres encore, comme le Vietnam et la Somalie, maintiennent la peine de mort.
En un temps de guerre diffuse, comme le nôtre, invoquer des solutions simplifiées et rechercher des boucs émissaires, au nom de la sécurité, peut sembler naturel et remporter du succès. Le terrorisme élève le niveau de violence et pousse l’opinion publique à se positionner pour ou contre. Et contre équivaut à supprimer, même physiquement, celui qui est violent. Les images d’exécutions barbares, comme dans les vidéos de Daech, diffusent dans la société une culture de la mort. C’est le défi du terrorisme global : propager la peur.
Mais la violence fait uniquement le jeu de la peur. Et la peine de mort, expression d’une culture violente, n’aide pas à combattre le crime. La peine capitale – nombre d’études et de statistiques le montrent – n’est pas dissuasive, ne fait pas diminuer le nombre de crimes commis, ne garantit pas une plus grande sécurité et ne fait qu’ajouter une autre violence et une autre mort. Et surtout, quand un Etat tue au nom de la loi, il abaisse le niveau de son système législatif au niveau de celui qui tue. Pour cela, il convient de renouveler l’engagement pour la défense de la vie et redonner un élan à la lutte pour l’abolition de la peine de mort.
Le congrès de Rome sera une occasion importante pour apporter un soutien et des instruments juridiques à ces Etats qui entreprennent aujourd’hui un parcours vers l’abolition ou la suspension de la peine de mort. Réaffirmer le caractère sacré de la vie et diffuser une culture de la paix peut faire perdre du terrain à la peur qui, en ces temps difficiles, risque de prévaloir dans les choix d’un grand nombre de personnes.