Dans le cadre des rendez-vous « Culture et paix » que la Communauté de Sant'Egidio propose régulièrement au Collège des Bernardins à Paris, Roberto Morrozzo della Rocca, auteur d'une très importante biographie consacrée à Mgr Oscar Romero et récemment traduite en français, était entouré de plusieurs intervenants pour une soirée exceptionnelle consacrée à la figure de l’évêque salvadorien béatifié par le pape François.
Mgr Bordeyne, recteur de l'Institut catholique de Paris a remercié Roberto Morrozzo della Rocca pour la qualité du travail biographique appuyé sur des archives uniques, notamment de nombreuses lettres de Romero. Pour Mgr Bordeyne, Romero voulait tout simplement être saint et son parcours d’évêque a été un parcours de maturité avec la seule arme de la prédication évangélique. En cela, Romero est vraiment un évêque de Vatican II.
Pour Jean-Pierre Denis, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire La Vie, la figure de Romero pose une grande question : comment des personnes qui ne sont pas des génies deviennent-elles des saints ? Au XXe siècle, les chrétiens ont payé un tribut énorme, mais aujourd’hui encore, dans les situations les plus terribles, il existe des personnes, et pas seulement des chrétiens, qui vivent de manière extraordinaire, a rappelé avec émotion Jean-Pierre Denis. Cela est une grande source d’espoir. Romero montre comment le vrai christianisme est une religion de résistance.
Bruno Joubert, ancien ambassadeur de France près le Saint-Siège, a souligné quant à lui l’extraordinaire parallélisme entre Romero et Bergoglio qui, au milieu des années 1970, est provincial des jésuites confronté à la dictature argentine. Celui qui, devenu le pape François, vient de béatifier Romero partage avec le bienheureux le goût pour la fréquentation des personnes ordinaires (ce que le pape François appelle « sentir l’odeur du troupeau »), l’absence de toute volonté carriériste, une commune adhésion à Rome, une intense vie de prière et le talent de la parole. Aujourd’hui, a conclu Bruno Joubert, le cœur battant de l’Eglise catholique est l’Amérique Latine, monde de violence, de grandes inégalités, à partir d’où Bergoglio comme Romero proposent de changer le monde.
Roberto Morrozzo della Rocca a remercié les intervenants pour leur lecture profonde et personnelle, concluant sur le mystère que représente la force de cet « homme de courage » que fut Romero. Dans un contexte très difficile, il fut un homme engagé pour les pauvres et pour l’Evangile qui lui demandait d’être pasteur, « defensor civitatis ». Il porta un témoignage d’humanité souvent très politique mais toujours pacifique, ce qui est très important. La foi fait bouger les montagnes. C’est l’histoire de Romero, pour qui la seule violence que le christianisme tolère est la violence contre soi-même.