La diplomatie populaire du pape François. Editorial d'Andrea Riccardi paru dans Avvenire
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La diplomatie populaire du pape François. Editorial d'Andrea Riccardi paru dans Avvenire

L' "énergie" des JMJ pour la paix

Les Journées Mondiales de la Jeunesse de Lisbonne ont révélé un peuple issu de nombreux pays du monde : des jeunes, des enfants de différentes nations, certaines même en guerre ou en grande difficulté. C'est le peuple de l'Eglise, uni autour du Pape et qui, avec lui, a regardé l'avenir d'un regard commun, malgré des origines différentes, parfois même des antagonismes. Une fête de l'unité, que l'Église vit toujours, même les jours de semaine ou les jours difficiles. Là où il y a l'unité, il doit y avoir la paix ou au moins une aspiration convaincue à celle-ci. C'est aussi pour cela que l'unité est si importante, plus que la prédominance d'un camp.

L'Église ne renonce pas à la paix, même en temps de guerre. Au contraire, elle prie pour la paix, la recherche, et aide ceux qui souffrent. Telle est l'histoire de l'Église catholique au XXe siècle et dans notre siècle. Depuis l'agression russe en Ukraine, le pape François n'a cessé de parler du conflit. Un geste récent, qui exprime bien sa recherche convaincue de la paix, a été la mission confiée au cardinal Zuppi. Dans une interview accordée à "Vida Nueva", le pape l'a qualifiée d'"offensive de paix". Il n'a pas hésité à faire la part des choses : Zuppi "travaille dur en tant que responsable des pourparlers. Il s'est déjà rendu à Kiev", a-t-il déclaré, "où l'on maintient l'idée de la victoire sans opter pour la médiation. Il s'est également rendu à Moscou, où il a trouvé une attitude que l'on peut qualifier de diplomatique de la part de la Russie. L'avancée la plus significative concerne le retour des enfants ukrainiens dans leur pays". Après Washington et l'importante rencontre avec le président Biden, l'offensive de paix ne s'arrête pas là, peut-être se déplacera-t-elle à Pékin ou ailleurs.

Le cardinal "travaille dur en tant que responsable des négociations", a déclaré le pape, qui parle franchement de sa diplomatie. Récemment, le commissaire ukrainien aux droits de l'homme, M. Lubinets, a déclaré à propos du retour des enfants ukrainiens : "Je vois les actions que le pape et le cardinal Zuppi mènent directement. Je crois qu'ils obtiendront des résultats...". La situation internationale évolue.

La réunion entre les hauts fonctionnaires du G7, les pays européens, certains pays des BRICS, la Chine et d'autres (malgré les différentes positions), promue par l'Arabie saoudite, cherche un point de rencontre, explorant les possibilités de paix à partir des propositions ukrainiennes. Il est essentiel d'investir dans la diplomatie et le dialogue. Trop peu a été fait jusqu'à présent. C'est ce qu'indique le pape avec la mission du cardinal Zuppi : écouter, parler, traiter les problèmes solubles, entamer le dialogue, sont autant d'étapes utiles pour déblayer le terrain. Il est nécessaire d'inclure dans le dialogue non seulement la Russie et l'Ukraine, bien que rien ne puisse être fait sans elles, mais aussi les acteurs impliqués - d'une manière ou d'une autre - dans le conflit et d'autres qui ont une responsabilité ou sont affectés par les répercussions globales de la guerre.

La mission "diplomatique" n'est pas l'une des (malheureusement rares) initiatives que nous avons vues naître et disparaître au cours de la guerre. Il s'agit d'une "offensive" destinée à maintenir vivant un dialogue qui ne renonce pas à la paix. La grande rencontre de Lisbonne a donné encore plus de force à cette initiative, en la montrant entourée du soutien d'un vaste peuple, de centaines de milliers de jeunes qui veulent un avenir pacifique. Il n'est pas anodin que François ait rencontré des jeunes Ukrainiens, qu'il ait été à nouveau en contact avec la douleur de ce peuple et qu'il ait embrassé le drapeau ukrainien.

La prière du pape à Fatima, lieu des apparitions mariales en 1917, pendant la Grande Guerre, si liée au thème de la paix, a été significative. Deux mois après le début du conflit, François consacre la Russie et l'Ukraine à Marie, en priant : "Délivre-nous de la guerre, préserve le monde de la menace nucléaire" : La prière du peuple chrétien de nombreux pays est une "arme" de paix : elle libère de l'indifférence ceux qui vivent au loin et de la haine ceux qui sont impliqués.

La diplomatie de l'Église a une grande tradition. Parfois, cependant, les papes ont été isolés dans leur quête de paix par des opinions publiques nationalisées (y compris catholiques). Avec François, il y a une diplomatie "populaire" : le pape communique avec le peuple, le rencontre, insiste sur la paix, envoie ses représentants. Une diplomatie qui, surtout, ne se résigne pas à ce que la paix soit impossible.

[traduction de la rédaction]


[ Andrea Riccardi ]