Les larmes du pape François, pour mettre fin à la guerre

Les larmes du pape François, pour mettre fin à la guerre

Editorial de Marco Impagliazzo dans La Nuova Sardegna

Un hiver froid, sombre et morose : c'est ce que vivent aujourd'hui les Ukrainiens alors que la guerre déclenchée par la Russie, sauf miracle de paix, marquera le dixième anniversaire de son déclenchement le 24 décembre, veille de Noël. Les villes ukrainiennes sont déjà froides et beaucoup sont recouvertes sous la neige. Pendant de nombreuses heures par jour, il n'y a pas d'électricité ni la possibilité de chauffer les maisons. Les sirènes des villes et des villages ne laissent aucun répit. À Kiev, la capitale et donc peut-être la ville la plus protégée, les coupures de courant durent jusqu'à douze heures par jour. Le nombre de soldats ukrainiens tués est inconnu : les Russes disent 61 000, les Ukrainiens en comptent 10 000.

Les victimes civiles se comptent par milliers. Les réfugiés ukrainiens à l'extérieur du pays sont désormais au nombre de 7,9 millions, et les personnes déplacées à l'intérieur du pays 6,5 millions. Toute une population, composée principalement de femmes, d'enfants et de personnes âgées, a dû quitter son domicile. Les destructions sont innombrables et la reconstruction du pays sera incroyablement coûteuse.

Face à ce scénario, ces dernières semaines, les principaux acteurs et la Communauté internationale ont commencé à évoquer d'éventuelles négociations. Mais ce sont des chuchotements. La voix la plus forte et la plus constante qui demande l'arrêt de cette guerre au cœur de l'Europe est celle du Pape. Et jeudi dernier, devant 20 000 personnes réunies sur la Piazza di Spagna à Rome, cette voix a éclaté en sanglots. Ces larmes ont été vues par des millions de personnes en peu de temps et ont touché le cœur de beaucoup.

Ces larmes pourraient-elles toucher le cœur de ceux qui tiennent le sort de ce conflit tragique entre leurs mains ? C'est un espoir, mais les larmes de François sonnent comme un appel au réveil pour ceux qui s'habituent à cette guerre. Parce que s'y habituer signifie que la guerre a gagné. Il y a quelques semaines, une foule immense, venue de tout le pays, a manifesté à Rome pour la paix en Ukraine, demandant à la diplomatie et à la politique de sortir de leur hibernation et de sauver la paix. En Russie, un petit signe positif ressort des sondages : le désir de paix progresse parmi les citoyens. Près de 300 000 jeunes Russes ont quitté le pays pour échapper à la conscription obligatoire. Ce sont des jeunes qui ne veulent pas aller à la guerre.

Ce qui compte, c'est demain : c'est imaginer un chemin vers la paix qui semble aujourd'hui si lointain. Si l'on vit le conflit de l'extérieur - comme c'est souvent le cas - avec une logique de ventilateur, la paix ne sera jamais recherchée. Si on la vit dans la seule logique binaire du bien contre le mal, il n'y aura jamais de médiation ou de compromis. Les larmes du pape sont un appel désespéré à arrêter la machine à fabriquer des armes, adressé avant tout à ceux qui ont déclenché cette agression.

Et nous, les Européens ? Il semble que nous nous soyons un peu habitués à la guerre. Comme si cela ne nous touchait pas tant que ça. Mais le moment est venu d'être encore plus solidaire avec les Ukrainiens, vivant dans l'obscurité et le froid. Nous devons continuer à envoyer de l'aide à ce pays et à soutenir les Ukrainiens qui vivent parmi nous. Non pas prendre parti, mais aider concrètement : c'est ce dont les victimes de conflits ont besoin aujourd'hui. Nous ne pouvons pas nous contenter de considérer les effets secondaires de la guerre sur nos sociétés.

Quelques exemples : dans de nombreuses villes européennes, les administrations ont décidé de limiter les illuminations de Noël. En Allemagne, le gouvernement fédéral ne financera pas les illuminations de fête dans les villes allemandes. En France, l'un des symboles de Paris, les Champs Elysées, ne seront pas illuminés jusqu'à deux heures du matin, mais seront éteints avant minuit. L'une des rues les plus célèbres de Londres, Oxford Street, ne sera éclairée que pendant huit heures. Les ménages italiens et européens sont confrontés à de fortes augmentations de leurs factures d'électricité et de chauffage. Les entreprises voient leurs coûts augmenter. Ce sont aussi les conséquences de la guerre. Elles arrivent, bien que d'une manière incomparable à celle de l'Ukraine, dans nos villes et nos foyers.

À l'approche de Noël, n'oublions pas les larmes du pape demandant la paix. Restons solidaires des Ukrainiens, par tous les moyens possibles, en essayant de réchauffer et d'égayer leur Noël par notre chaleur et notre proximité concrète. Ne nous habituons pas à la guerre, continuons à demander la paix.

[traduction de la rédaction]

 


[ Marco Impagliazzo ]