Chers frères et sœurs,
nous sommes réunis pour prier pour la paix, mais à notre époque, plus personne ne parle de paix. L'idée de paix semble perdue, on parle d'armes, on parle de guerre. Dans certaines sociétés se répand une culture cruelle, pour laquelle la vie humaine a de moins en moins de valeur. La guerre semble être un destin inéluctable, trop nombreux sont ceux qui assistent à ce processus douloureux en étant comme anesthésiés, insensibles à la douleur des nombreuses personnes touchées par la guerre.
Nous sommes ici pour prier pour la paix, comme nous le faisons chaque mois, mais aujourd'hui, le pape François nous l'a demandé d'une manière particulière, et nous le faisons avec joie et en communion avec lui.
Nous sommes le 7 octobre, un an s'est écoulé depuis l'attaque terroriste du Hamas contre des citoyens israéliens, pris dans une violence barbare. Des Israéliens sont toujours otages du Hamas et nous demandons qu'ils soient libérés.
La réponse israélienne à l'attaque a frappé Gaza. La population civile a été durement touchée, des dizaines et des dizaines de milliers de Palestiniens sont morts. Le droit civil n'est pas observé dans cette guerre, comme c'est le cas dans la guerre en Ukraine, où les prisonniers sont fusillés. On se cache même, comme c'est le cas pour les terroristes, parmi les maisons et les institutions, mettant en danger les civils. La guerre s'est étendue, les tirs dans le nord de la Galilée ont conduit au déplacement de 60 000 personnes, et à cause des attaques israéliennes sur le Liban, un million de réfugiés ont quitté leurs maisons, dans un pays qui est devenu un pays de réfugiés, palestiniens, syriens et maintenant libanais. Une guerre plus importante est à craindre.
Avec un cœur de père, l'un des rares au monde à parler de paix, le pape François a écrit aux catholiques du Moyen-Orient : « Le sang coule comme des larmes, la colère augmente avec le désir de vengeance, tandis qu'il semble que peu s'intéressent à ce qui est le plus nécessaire et à ce que les gens veulent, le dialogue et la paix ».
À ce scénario tragique s'ajoute la guerre qui sévit en Ukraine depuis plus de deux ans. Aucune issue n'est en vue et nous nous préparons à un hiver froid de combats, alors que tant de centrales électriques sont détruites. Non, on n'immagine plus la paixe. On ne l'imagine pas pour le Soudan, où la parole est laissée aux armes.
Dans ce scénario franchement triste, résonnent les béatitudes de l'Évangile de Jésus. Elles résonnent comme une parole criée dans le désert. Une utopie ? Douceur, miséricorde, paix, justice ! Pour le langage public et la mentalité actuelle, ce sont des illusions.
Mais je me demande, chers frères et sœurs, à quoi ont abouti les raisons si fortes et si convaincantes de faire la guerre ?
Reprenons les illusions et les naïvetés de l'Évangile, qui ne sont ni des illusions ni des naïvetés ! Les béatitudes ne sont pas même des prescriptions, mais un encouragement et presque un cri de joie. Une joie pleine d'espérance pour un monde différent, un monde de paix.
Si vous voulez être heureux, si vous voulez un pays heureux, soyez pauvres en esprit. La traduction liturgique dit « ceux qui pleurent », le grand exégète, le Père Jacques Dupont, a affirmé « les affligés, ceux qui pleurent pour les autres ». Si vous voulez être heureux, si vous voulez un pays heureux, soyez pauvres en esprit, affligés, doux, assoiffés de justice, miséricordieux, au cœur pur, et artisans de paix. Jésus a dit ces choses en enseignant aux disciples et à la foule.
La tristesse de ce monde, chers amis, ne peut durer, car le royaume des Cieux est proche et c'est un royaume de paix. C'est la joie qui nous est communiquée dans un temps de désespoir.
La paix est possible, chacun de nous peut la préparer, dans la prière et dans l'action.
Le royaume des Cieux n'est pas celui des puissants, mais celui des pauvres en esprit, qui se confient au Seigneur et l'invoquent. Prions toujours pour la paix. Le chemin de la paix est ouvert à ceux qui s'affligent pour les personnes qui souffrent et qui s'affligent pour le mal du monde. Le chemin de la paix n'est pas celui des indifférents ; les gens de compassion font la paix.
Les maîtres de la terre ne sont pas les riches, les dirigeants politiques, les seigneurs de la guerre. La terre sera celle des doux et il y aura une grande paix, comme le chante le Psaume 37. Ce sera un monde juste, c'est pourquoi les affamés et les assoiffés de justice sont sur le bon chemin. Celui qui sème la miséricorde la trouvera devant lui, car il faut remplir de miséricorde les rues et les relations internationales.
Dieu n'est pas loin de ces personnes. Ceux qui ont le cœur pur, ceux qui sont fidèles à l'alliance verront Dieu. Dans un monde malheureux, les personnes heureuses et bénies seront les artisans de paix, appelés enfants de Dieu, car l'enfant de Dieu est notre paix.
Chers amis, cet Évangile nous remplit les yeux d'une vision, une vision de paix. Il s'agit d'un manifeste messianique du royaume de Dieu, d'un monde nouveau dont la faim est si grande en cette triste époque où les armes règnent. Dans une époque sombre, qui frôle parfois le désespoir, une époque tellement résignée, l'Évangile est un don unique d'espérance. Pour les pauvres en esprit, les hommes qui, s'ils sont doux, miséricordieux, affligés pour les autres, au cœur pur, pourront trouver la paix.
Et Dieu ne tardera pas à donner la paix à ses enfants qui crient vers lui jour et nuit.
Amen