Isaïe 62, 1-7
Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. Sur tes remparts, Jérusalem, j’ai placé des veilleurs ; ni de jour ni de nuit, jamais ils ne doivent se taire. Vous qui tenez en éveil la mémoire du Seigneur, ne prenez aucun repos ! Ne lui laissez aucun repos qu’il n’ait rendu Jérusalem inébranlable, qu’il ne l’ait faite louange pour la terre !
Chers frères et sœurs
nous sommes nombreux ce soir, et nous avions besoin de nous remettre à l'écoute de la Parole de Dieu car l'horizon est sombre. Nous avons presque oublié que tous les peuples sont destinés à la paix, en particulier le peuple ukrainien qui, depuis deux ans, depuis l'invasion russe, n'a jamais connu un jour de paix.
Je salue les nombreux Ukrainiens présents ici et ceux qui sont maintenant en lien avec nous. Je le fais avec une profonde affection, avec un profond esprit de communion à un drame qui dure depuis deux ans. En effet, nous devons revenir aux visions du prophète Isaïe, aux visions de la Bible, pour élargir notre regard vers la paix. Une paix à laquelle tous les peuples sont destinés, même l'Ukraine, surtout l'Ukraine.
La Parole de Dieu est une lampe dans les ténèbres, elle allume une lumière de paix, parce qu'aujourd'hui la paix semble être un souvenir. Il en est ainsi dans le drame des bombardements, dans le drame des combats, mais aussi dans la mentalité et la culture de trop de personnes, parfois des décideurs politiques ou des faiseurs d'opinion, des personnes qui ont supposé que la guerre allait encore durer, ou même que la guerre pouvait s'étendre et devenir mondiale.
Il ne s'agit pas d'un manque de réalisme de ma part, mais d'un constat que l'attente de paix s'est dramatiquement éteinte dans l'esprit de trop nombreuses personnes. Cependant, elle ne s'est pas éteinte dans l'esprit de ceux qui souffrent : ceux qui souffrent attendent la paix. Je pense à tous ceux qui ont perdu des êtres chers en Ukraine sous les bombardements, je pense à tous les soldats au front, à leurs mères, à leurs femmes, à leurs enfants, à leurs amis qui tremblent pour eux.
J'ai vu les nombreux morts dans les cimetières ukrainiens, de jeunes vies brisées. Et il y a tant de personnes mutilées en Ukraine, comme on n'en voyait plus en Europe. Je me souviens des blessés de guerre dans les années qui ont suivi, dans les décennies qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale.
Je pense aussi à ceux qui ont quitté l'Ukraine pour un pays étranger. Je sais, en Ukraine, combien l'aide humanitaire est nécessaire, en raison de la dureté de la vie pour tant de familles.
Non, l'attente de la paix ne s'est pas éteinte à la lumière de la prophétie : On ne t'appelleras plus "délaisée", à ton pays nul ne dira "désolation !". Ces paroles, nous le savons, sont adressées par le prophète à Jérusalem, mais nous les entendons adressées à l'Ukraine, nous les entendons adressées à Kiev, qui a été construite dans l'Antiquité comme une nouvelle Jérusalem, avec ses églises, ses coupoles dorées, ses monastères, sa mémoire de sainteté et de douleur.
Nous n'avons pas renoncé à la paix pour l'Ukraine et pour Kiev. C'est pourquoi nous prions et devons prier chaque jour pour la paix, pour la fin de la guerre, pour le rétablissement d'une vie sûre, juste et pacifique.
Ainsi, nous faisons nôtres les paroles du prophète : "Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n'aurai de cesse que sa sa justice paraisse dans la clarté". Et quelle plus grande justice que la paix ! Nous ne pouvons pas nous reposer, nous ne pouvons pas nous accorder la paix tant qu'il n'y a pas de paix pour l'Ukraine.
Mais notre parole n'est pas entendue, et c'est pourquoi nous nous tournons vers le Seigneur : "Vous qui tenez en éveil la mémoire du Seigneur, ne prenez aucun repos ! Ne lui laissez aucun repos tant qu'il n'a pas rendu Jérusalem inébranlable, qu'il ne la faite louange pour la terre." Avec la prière, ne donnons pas de repos au Seigneur tant que la paix n'est pas revenue en Ukraine. Avec une prière insistante, afin que cette guerre russo-ukrainienne se termine et se termine bientôt. Que Kiev et toute l'Ukraine soient rendues inébranlables. Et je dois dire que la prière est aussi notre protestation contre la guerre, protestation devant Dieu, protestation devant les dirigeants, protestation devant le peuple.
Un mystique du judaïsme, Rabbi Na'hman de Breslav, qui est enterré à Ouman, en Ukraine, une ville qui a subi de récents bombardements et dont l'importante communauté juive a été massacrée après 1941, Rabbi Na'hman a dit : "Rappelez-vous que le cœur de vos prières réside dans la certitude qu'elles seront exaucées. Nous avons la foi et le Seigneur nous entend. Nous croyons que nos prières sont exaucées."
Et Rabbi Na'hman d'ajouter : "Si vous occupez le terrain, vous aurez la victoire sur Dieu ! Dieu veut que nous soyons victorieux, il veut que nous continuions à prier sans cesse, jusqu'à ce que nous le forcions."
Oui, chers frères et sœurs, prions Dieu sans cesse, jusqu'à le contraindre à nous donner la paix. Et Jésus a enseigné : Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare, bien vite il leur fera justice. Cependant, le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?
Le cri est la prière de ceux qui ne trouvent pas d'écoute ; le cri est aussi la plainte de millions de personnes qui souffrent de cette guerre misérable et insensée qui enferme l'Ukraine, la Russie, l'Europe dans une voie sans retour.
Chers amis,
ce soir, nous sommes les veilleurs, nous sommes les veilleurs sur les murs des villes ukrainiennes, nous sommes les veilleurs à la frontière de l'Ukraine, tout au long du jour et de la nuit, qui ne seront jamais silencieux. Notre appel à la paix ne passera pas sous silence, en demandant que des voies de dialogue soient ouvertes, en demandant de l'aide pour les Ukrainiens en ces temps de grande détresse. Car beaucoup se détournent, oubliant les besoins des personnes âgées, des enfants, des malades accablés par ce malheur.
Nous sommes des intercesseurs. L'intercession au sens propre signifie "se mettre au milieu" : aujourd'hui au milieu de ceux qui se battent, aujourd'hui au milieu du Père et des douleurs du monde, en disant : "Arrêtons cette guerre inutile, arrêtons cette guerre qui consume un peuple ! Plus de guerre ! Il faut au contraire trouver rapidement, même si cela demande des efforts et de l'audace, le chemin de la paix."
Que l'Esprit du Seigneur, qui est l'esprit de paix, apaise la passion guerrière, la logique folle de la haine, conduise les gouvernants, comme le dit la Bible, sur les chemins de la paix et de la justice. Que la paix soit avec l'Ukraine, que la paix soit avec l'Ukraine ! Amen.