"Il est beau, il est vraiment beau d'être ici en si grand nombre, et je suis désolé pour tous ceux qui n'ont pas pu entrer sur la place. Je les salue de tout cœur. Nous sommes ici pour dire que la paix doit être possible !
Chacun d'entre nous, au cours de ces huit terribles mois, a porté en lui l'angoisse de la guerre en Ukraine, parfois en privé, avec la difficulté de parler de la paix entre nous. Mais aujourd'hui, ce soir sur cette plac,e nous avons mis ensemble nos espoirs et nos pensées et nous n'avons pas peur de prononcer le mot paix avec force. Nous le disons avec des accents différents mais nous sentons tous que la paix est l'objectif central, parce que sans la paix l'avenir est terrible. Sans la paix, il n'y a pas d'avenir et nous sommes nombreux à le penser et nous continuerons à le dire partout.
La paix est le mot que nous disons tout d'abord en pensant à l'Ukraine. L'Ukraine violée, attaquée par la Russie ; les morts, les blessés, les bombardements, la violence, les sirènes, et puis tant de réfugiés. N'oublions pas les réfugiés ukrainiens : 10 millions sur 44 millions d'habitants, presque un quart du pays a dû quitter sa terre. Mais le mot paix est surtout pour les femmes ukrainiennes, et il y en a beaucoup parmi nous, qui vivent en Italie ou qui se sont réfugiés en Italie. Des femmes ukrainiennes qui ont quitté leur pays. Je les ai vues, courageuses avec leurs enfants et leurs aînés quitter leur terre, tandis que leurs maris sont restés en Ukraine, faisant preuve d'un courage insoupçonné contreles envahisseurs russes.
Chers amis, la paix a été archivée pendant trop longtemps La guerre a été réhabilitée comme instrument de résolution des conflits, peut-être parce que nous, Européens, italiens, avons joui d'une grande paix et avons considéré comme acquis que la guerre était l'apanage des peuples non-européens. Peut-être parce que la génération qui a porté le souvenir de l'horreur de la guerre mondiale et les témoins de la Shoah qui nous ont raconté comment, pendant la guerre, les choses les plus horribles peuvent se produire ou comment, pendant la guerre, les sentiments les plus terribles se développent : la haine, l'antisémitisme, le mépris. Mais je veux répéter que les témoins de la Shoah ont été mes professeurs, nos aînés nous ont appris l'horreur de la guerre. Pour ma part, fils d'un pays qui a connu des décennies de paix, j'ai connu la guerre dans le monde entier, au Moyen-Orient, en Afrique. La recherche de la paix a été qualifiée de vœu pieux, de bonté et, pire encore, de trahison, mais si l'on ne recherche pas la paix pour l'Ukraine, on trahit tout un peuple.
Le président français Macron a déclaré : "La paix est impure parce que la paix naît de la guerre, qui est la pire chose au monde, remplie de sang et de haine, précisément à cause des personnes qui souffrent de la guerre". Il n'y a pas de politique digne qui n'ait pas la paix à son ordre du jour, sinon elle est indigne. Trop de gens pendant la guerre en Syrie se sont détournés, mais il y a des gens ici, et j'en connais beaucoup qui n'ont pas oublié la tragédie syrienne et je les remercie pour leur mémoire. En Ukraine, nous avons revécu le siège d'Alep, la brutalité des Russes, la répétition générale, parce que chers amis, aujourd'hui les guerres commencent mais ne finissent pas et, comme en Syrie, aujourd'hui il y a peu de diplomatie, beaucoup d'intérêts, beaucoup de profits. Les guerres ne finissent pas et les peuples s'éteignent. Nous ne voulons pas que le peuple ukrainien soit étouffé par cette guerre inique. Or il en sera ainsi si nous ne trouvons pas le chemin de la Paix. La paix signifie sauver beaucoup de vies, y compris celles des nombreux jeunes russes qui se battent contre leur gré. Des jeunes qui quittent leur pays.
Ouvrons l'accès à l'Europe à ceux qui fuient et abandonnent la guerre, parce que c'est un choix courageux ! La paix doit être possible comme l'a dit Don Ciotti c'est le rêve de belles âmes, c'est une utopie. Nous nous révoltons contre la logique de la guerre, qui est rigide et dominatrice. Nous voulons rêver pour penser à construire la paix. Nous ne pouvons pas nous laisser prendre en otage par les militaires dominateurs. Nous avons besoin d'un nouvel investissement dans une diplomatie qui recherche effectivement la paix ; nous devons investir davantage dans la diplomatie du dialogue, car seuls le dialogue et la diplomatie nous apporteront la paix, en impliquant la communauté internationale, les Nations unies, les États-Unis, l'Europe, qui doit avoir sa propre politique de paix. Je crois que cette place dit que le drame de la guerre en Ukraine ne doit pas être sous-estimé et qu'il est urgent de chercher un chemin vers la Paix ; que la menace atomique n'est pas un fantôme inventé mais une réalité possible.
Le Pape François - et nous sommes avec lui - a écrit la guerre est l’échec de la politique et le l'échec de l'humanité, c'est une reddition honteuse, un échec face à la force du Mal. Comme le pape François, nous ne sommes pas neutres. Nous nous rangeons du côté de la paix et nous demandons l'application du droit à résoudre les conflits sans faire usage de la violence. Cela a été dit ici et je reprends l'appel lancé par le pape au Président de la Fédération de Russie afin que par amour pour son peuple, il fasse sortir la Russie de la spirale de la guerre, et au président de l'Ukraine afin qu'il se montre ouvert aux propositions sérieuses de paix.
La paix n'est pas faiblesse. Nous croyons en la paix des forts, non pas dans la paix des timides, la paix des peureux, non pas dans la paix de ceux qui se tournent le dos. Après avoir prononcé le mot paix, nous encouragerons toutes les initiatives de paix, et la Communauté internationale peut et doit les trouver. Les acteurs internationaux et les Etats endormis par la torpeur de la geurre doivent se réveiller.
Chers amis, nous nous retrouvons très nombreux ici. Nous comptons, nous voulons la paix et il y a besoin de l'audace de chacun afin que la guerre ne nous entraîne pas tous. Nous avons besoin de la paix des forts, une paix réclamée avec force !
Merci pour votre présence !"