La rencontre et le dialogue entre ceux qui craignent le Seigneur est le début d'une nouvelle civilisation: réflexion de Marco Impagliazzo à propos du Document sur la Fraternité humaine publié par le pape François et l'imam Al Tayeb

3e anniversaire de la rencontre d'Abu Dhabi

Malachie 3, 16-18

Ceux qui craignent le Seigneur s’exhortèrent mutuellement. Le Seigneur fut attentif et les écouta ; un livre fut écrit devant lui pour en garder mémoire, en faveur de ceux qui le craignent et qui ont le souci de son nom. Le Seigneur de l’univers déclara : Ils seront mon domaine particulier pour le jour que je prépare. Je serai indulgent envers eux, comme un homme est indulgent envers le fils qui le sert fidèlement. Vous verrez de nouveau qu’il y a une différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui refuse de le servir.

 

Méditation de Marco Impagliazzo

Sœurs et frères,

nous avons écouté les paroles du prophète Malachie. Ce sont des paroles qui nous guident pour réfléchir sur le dialogue et la fraternité entre les croyants, mais aussi entre les croyants et les non-croyants, de tout peuple et de toute nation. Et nous les lisons aujourd'hui, alors que nous rappelons le troisième anniversaire du document d'Abu Dhabi sur la Fraternité humaine pour la Paix mondiale et la Coexistence commune, signé par le pape François et le grand Imam Al Tayeb.

Le prophète lui-même avait dit : "De l'Orient à l'Occident, mon nom est grand parmi les nations". Et maintenant il dit : "Ceux qui craignent le Seigneur s’exhortèrent mutuellement".

Le prophète nous parle donc d'un dialogue, un dialogue qui naît parmi les croyants, qui naît entre les peuples d'Orient et d'Occident au nom de Dieu. Ce dialogue embrasse les nations et plaît au Seigneur, qui les a écoutées. En fait, ce dialogue est même considéré comme un acte de dévotion envers le Seigneur lui-même.

Ce sont des paroles importantes du prophète et nous les entendons comme un grand aperçu également pour notre temps. Hommes, femmes, peuples, nations, religions, lorsqu'ils dialoguent, lorsqu'ils se parlent, lorsqu'ils cherchent les voies de la fraternité, ils plaisent au Seigneur. C'est ce que nous dit le prophète.

Et dans le document sur la Fraternité humaine, au tout début, il est écrit : " La foi conduit le croyant à voir dans l'autre un frère à soutenir et à aimer. A partir de la foi en Dieu, qui a créé l'univers, les créatures et tous les êtres humains - égaux par Sa Miséricorde - le croyant est appelé à exprimer cette fraternité humaine, en sauvegardant la création et l'univers entier et en soutenant chaque personne, en particulier les plus nécessiteux et les plus pauvres".

Tels sont les mots du document sur la fraternité. Et donc la parole du prophète que nous avons entendue nous réconforte d'une certaine manière à l'occasion de l'anniversaire d'un tel événement, qui a également été repris comme événement par l'assemblée générale des Nations Unies, qui commémore précisément la journée internationale de la Fraternité humaine.

Un événement qui, pour notre Communauté, est un pas de plus sur le chemin ouvert à Assise en 1986. Et en rappelant le document d'Abu Dhabi, nous ne pouvons nous empêcher de penser au chemin qui a mené d'Assise à aujourd'hui, jusqu'à la dernière rencontre à Rome au Colisée. Plus les années passent, plus nous sentons que la rencontre dans l'esprit d'Assise a été une véritable prophétie, une prophétie pour le monde et pour notre temps.

Tout comme le texte de l'Accord sur la fraternité humaine est un texte de grande intuition, signé juste avant l'arrivée de la pandémie, et donc mûri au cours de ces années par la souffrance des peuples, des gens, des hommes et des femmes, et à travers cette souffrance, la souffrance de ces années, nous avons mieux compris, et peut-être avons-nous compris, combien la fraternité est la seule issue, la seule façon de nous sauver ensemble. Comme à Assise, les religions ne sont pas les unes contre les autres, mais les unes à côté des autres dans un dialogue sincère pour la paix, dans le sillage de ce que nous dit Malachie ce soir.

La rencontre et le dialogue entre personnes qui craignent le Seigneur est le début d'une nouvelle civilisation, celle du vivre ensemble dans la fraternité et la paix. Et il est impressionnant que dans la parole que nous avons entendue, il soit question d'un livre de souvenirs qui a été écrit pour ceux qui le craignent et honorent son nom. Un livre a été écrit, un document a été rédigé qui reste comme une mémoire commune sur le chemin de la fraternité.

Notre monde actuel a un grand besoin de fraternité. Il a besoin de fraternité pour trouver des chemins communs, comme je l'ai dit, pour sortir de la crise induite par la pandémie, qui n'a pas touché un peuple mais tous les peuples, qui sont maintenant appelés à être frères dans la recherche de solutions. Il a besoin de fraternité, alors que de nombreux peuples et nations n'ont pas encore trouvé le chemin pour vivre ensemble en paix, et risquent même de vivre en enfer parce qu'ils ne peuvent pas trouver le chemin du dialogue et de la rencontre. La fraternité est également nécessaire pour que chaque homme et chaque femme puisse voir sa dignité respectée.

Dans l'humilité de notre vie et de notre histoire, nous nous sentons profondément liés à tout cela. A l'esprit d'Assise, et nous nous engageons à le faire grandir dans toutes les parties du monde ; au document sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune.

Ces dernières années, le monde a considérablement changé, mais la soif de paix et de fraternité reste forte dans tant de régions. C'est une attente qui nous parle de la nécessité d'une société dans laquelle nous nous reconnaitrons enfin comme frères et sœurs. Et dans ce sens, les personnes qui craignent le Seigneur peuvent être les premières à se reconnaître comme frères et sœurs et à travailler pour une société dans laquelle nous pouvons vivre ensemble dans la paix, la fraternité et le respect de la dignité de chaque personne.

C'est notre espérance et notre prière ce soir.