Lire les textes de la messe du dimanche 30 janvier
Homélie de don Vittorio Ianari
Chers frères et sœurs,
la synagogue dans laquelle Jésus s'exprime est située dans la ville de Nazareth, où il a grandi. Jésus se rend là-bas, à Nazareth, il va vers les siens, il va vers ceux dont il espérait être bien accueilli. Mais en réalité, il n'est pas bien accueilli du tout ; en effet, l'Évangile nous parle du rejet de sa parole, de l'exclusion, d'un geste de marginalisation, on le chasse de la ville et même, à la fin, il est question de violence : on veut l'éliminer.
Et ce passage de l'Évangile se termine d'une manière un peu mystérieuse : Jésus passe au milieu d'eux et reprend sa route, il s'en va. Où va Jésus ? Chassé de sa Nazareth, il vit lui aussi sur la route. Et parlant de lui-même à un homme qui l’interroge : "Mais je veux te suivre !" Jésus répond : "Les renards ont leurs tanières et les oiseaux du ciel leurs nids, mais le fils de l'homme n'a nulle part où reposer sa tête."
Jésus est rejeté par les siens, mais il est proche de nous. Cet épisode ne suscite pas en lui une amertume invincible, au contraire, Jésus est proche de nous, il est notre ami parce qu'il a vécu ce que notre chère sœur Modesta et beaucoup, beaucoup d'autres ont vécu : inhospitalité, rejet, exclusion, marginalisation.
Mais vous voyez, chers amis, le Seigneur Jésus est aussi proche de nous pour une autre raison, qui est très importante. Il a souffert, il est vrai, de l'amertume de l'exclusion, là-bas à Nazareth et aussi dans tant d'autres épisodes que l'Évangile nous raconte, mais il se bat toujours pour que cette exclusion, cette amertume, n'ait pas le dernier mot. Alors comment le Seigneur se bat-il ? Lui l’exclu, il n'exclut pas. Lui qui est rejeté, ne rejette pas, lui qui est marginalisé ne marginalise pas à son tour.
L'image que nous avons et qui guide cette liturgie, cette icône, est l'image qui dépeint la parabole du bon Samaritain. Et c'est le Seigneur Jésus, ce bon Samaritain, qui s'arrête, se penche sur l’autre, prend soin, contrairement à ce qu’il a vécu, comme tant de nos frères et sœurs et beaucoup d'entre nous ici présents, subissant l'exclusion et la marginalisation.
Et ainsi sa vie, son combat, devient pour nous aussi une proposition que nous sentons tellement vraie et tellement acceptable, agréable, précisément en célébrant cette liturgie en mémoire de Modesta et de tant de nos frères et sœurs que nous avons connus, accompagnés et avec lesquels nous avons vécu au fil des ans. Et la proposition du Seigneur est que nous menions aussi son combat, sans nous laisser envahir par l'amertume ou le désir de vengeance.
C'est ce que nous voyons dans l'image qui contient aussi la prière que nous voulons adresser ensemble au Seigneur. Cet homme blessé est abandonné au bord de la route, Jésus s'arrête, se penche, prend soin de lui. C'est ainsi que l'humanité et la compassion l'emportent sur l'amertume de l'exclusion.
Certains pourraient dire : « mais cette attitude, belle, est si rare, surtout peut-être à notre époque. » C'est tellement rare. Le monde, comme ceux de Nazareth ce jour-là, rejette, exclut et va même jusqu'à faire violence. Oui, c'est vrai, c'est précisément pour cela que nous avons voulu nous réunir, pour dire au Seigneur que nous voulons nous battre et lui demander la force de le faire. Lui dire que nous sommes convaincus que l'exclusion n'est peut-être pas le dernier mot et que nous sommes avec lui et que nous sommes ses amis pour donner notre propre témoignage concret de cette vérité possible.
Aussi parce que ce qui reste, au final, n'est certainement pas l'exclusion qui marginalise. C'est plutôt le contraire, les gestes, les pensées, les moments d'accueil, d'amitié, de souvenir fidèle.
Vous voyez, ceux de Nazareth repoussent Jésus, tous convaincus de leurs motivations, mais après que Jésus, passant au milieu d'eux, ait repris la route, que reste-t-il à Nazareth ? Que reste-t-il de Nazareth ? Rien. Elle n'est plus mentionnée dans les évangiles, il n'en reste rien.
Mais on peut dire la même chose de Modesta. Que reste-t-il de tout ce qui l'a rejetée cette nuit-là, là, à la gare Termini ? Rien. Mais nous restons, nous sommes là. Nous sommes ici pour nous souvenir d'elle et de beaucoup de nos amis, nous restons et ce qui l'excluait disparaît dans l'oubli. Nous restons les témoins de cette victoire possible de l'amitié, de la rencontre fraternelle, de la mémoire fidèle, de l'accueil, de l'hospitalité. Et ce, parce que pour nous, l'exclusion n'était pas, n'est pas et ne sera pas le dernier mot.
Vous voyez ci-dessus, dans l'image de la mosaïque, Marie aux côtés de Jésus, qui pose la main sur l’épaule de sa mère. Ils nous donnent un exemple. C'est ainsi que le Seigneur veut que les gens vivent. En cette période de pandémie, nous ne pouvons pas nous rapprocher physiquement, mais ces gestes d’affection nous manquent et nous ne voulons pas que l'impossibilité physique, causée par la distance nécessaire, fasse disparaître le sentiment et aussi l'attente de pouvoir marquer à nouveau notre affection.
Le Seigneur Jésus et sa mère nous en donnent l'exemple. Le Seigneur veut que les gens vivent de cette manière, parce que cela reste dans nos mémoires. Ce qui restera, c'est précisément cela, la proximité et l'amitié, comme le Seigneur nous l'a montré. Cela ne passera pas.
Et pour cette vérité, dont nous avons fait l’expérience à travers l'amitié avec lui et avec nos frères et sœurs, pour cette vérité, dont nous avons fait l’expérience de manière si concrète tout au long de notre vie, nous rendons grâce au Seigneur.