Saint Père,
Nous vous souhaitons la bienvenue dans le Trastevere, au coeur de Rome, dans le quartier de l'ancien port, aujourd'hui encore un port d'accueil pour tous ceux qui le visitent: pèlerins, touristes, voyageurs, migrants. Ici se trouvent l'église et la maison de la Communauté de Sant'Egidio, qui fête ses 50 ans. C'est une grâce de pouvoir accueillir chaque jour des personnes de toutes origines dans notre maison et lors de notre prière. Etre Romains est aussi une vocation particulière. Nous Vous remercions d'être ici pour cet anniversaire. Nous sommes heureux et reconnaissants de Votre présence! Avec Vous, nous voulons tourner notre regard non pas vers les années passées, mais vers l'avenir d'une Communauté en sortie dans les périphéries de la ville et du monde. La ville a toujours été notre horizon, dès le début.
Notamment la ville cachée et méconnue, celle de la pauvreté et de l'exclusion. Les premiers enfants de l'école de la paix, Andrea Riccardi et ses amis les rencontrèrent sur les rives du Tibre, dans des baraques cachées par des panneaux publicitaires installés dans certaines zones de Rome durant les Jeux Olympiques de 1960. Où était l'Eglise parmi eux ? Où était Dieu dans ces lieux ? Ainsi, avec l'école de la paix, nous avons commencé à ouvrir l'évangile pour rendre Jésus présent parmi ces gens abandonnés. L'évangile dans la ville, l'évangile pour tous! Aucun exclu. La Parole est notre boussole, la ville notre horizon. A partir de la communication de l'évangile est né le fruit que Vous voyez aujourd'hui. Nous sommes tous débiteurs de la Parole de Dieu, "lampe pour nos pas" (comme nous avons voulu intituler la journée d'aujourd'hui) et de l'Esprit Saint. La Parole nous a libérés de l'idéologie et de la tentation de l'autoréférentialité. Dieu n'est pas un rêve, sa Parole n'est pas un rêve, mais fait rêver, comme dit le psaume 126: "Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve !". La Parole nous a fait rêver, nous hommes et femmes aux horizons limités.
Non seulement la Parole, mais également les pauvres ont été nos maîtres, en de nombreuses occasions. Ce sont nos frères et soeurs. Quelle tristesse, une Eglise qui considère les pauvres comme des clients et non comme des frères! Merci, Saint Père, d'avoir porté, avec votre parole et vos gestes, les pauvres au coeur de l'Eglise et d'avoir réalisé le grand rêve du pape Jean d'une Eglise de tous et particulièrement des pauvres. Nous avons trouvé en Vous un père et un frère. En Vous s'unissent la paternité et la fraternité, tandis que l'Eglise est pour nous comme une mère. Cette Communauté n'est pas pour quelqu'un en particulier, elle n'est pas partisane, mais elle est pour tous. C'est ce que nous a demandé Jésus qui a versé son sang pour tous. Tandis que les hommes excluent les autres (comme l'ont subi les juifs, les noirs, les rom, les réfugiés...), Jésus aime tous les hommes: "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos" (Mt 11,28), a-t-il dit. Lui est "miséricordieux avec tous", nous rappelle Paul (Rm 11,32). Tous: non pas quelqu'un, non pas beaucoup, mais tous. Sans exception. Tel est l'horizon que nous voulons regarder en communiquant l'évangile. C'est ce que Vous nous enseignez chaque jour avec Votre prédication. Avec Vous nous voulons rêver une Eglise peuple de tous, sans exclure personne, pour que la miséricorde du Seigneur touche le coeur de tous, sans exception.