Garofalo (Sant’Egidio) : nous espérons que les violences cesseront. Ce matin a été signé un accord à Khartoum. L’entente sera ainsi scellée, au terme de plusieurs semaines de pourparlers au Soudan, entre la présidence et 14 groupes rebelles. «Le respect du désarmement et une réconciliation au sein de la société civile et des communautés religieuses»
« Aujourd’hui est un grand jour pour la République centrafricaine et tous ses habitants ». Ce sont les paroles de Smail Chergui, commissaire de l’Union africaine, après l’énième accord de paix signé entre différents groupes rebelles et le gouvernement. Les négociations ont duré environ deux semaines et ont rencontré de grandes difficultés de communication. « Nous avons finalisé l’accord de paix dans la capitale soudanaise, Khartoum, entre le gouvernement et 14 groupes armés, a expliqué Chergui. A présent le peuple centrafricain pourra commencer un processus de réconciliation, d’entente et de développement ». Le texte sera signé ce matin à Khartoum et, d’ici quelques jours, dans la capitale centrafricaine, Bangui. Le brutal conflit ethnique a commencé en 2012, quand les forces rebelles à majorité musulmane de la coalition Seleka ont chassé l’ex-président, François Bozizé. Dès lors, les affrontements avec les groupes de militants anti-balaka, formés de combattants provenant surtout de la communauté chrétienne, ont fait «des milliers de morts», personne ne sait combien exactement. Les chiffres sont en revanche plus précis au sujet des déplacés à l’intérieur du pays, «plus d’un million», et des réfugiés, au moins «570 000», affirment les données de la Mission de l’ONU sur place.
Malgré les nombreux accords déjà signés précédemment, une grande partie du corps diplomatique, local et étranger, se déclare cette fois-ci davantage satisfait et confiant. «C’est un grand jour pour la Centrafrique car l’accord représente un pas important pour la stabilisation du pays», explique Mauro Garofalo, membre de la Communauté de Sant’Egidio travaillant depuis un an et demi en tant que «facilitateur» du processus de paix. «Nous espérons assister dès les prochains jours à une réduction progressive de la violence qui a malheureusement eu lieu au cours de ces derniers mois. La Communauté internationale soutient cet accord et – souligne Garofalo – en tant que Sant’Egidio, nous continuerons à soutenir la pacification de la Centrafrique pendant sa phase d’implantation». Pour la première fois se sont réunis autour de la table tous les principaux leaders des 14 groupes armés qui depuis des années sèment la terreur dans le pays. «A partir d’aujourd’hui, conclut Garofalo, il faudra s’engager pour le respect d’un désarmement progressif des rebelles, déjà commencé au cours des derniers mois, et pour une réconciliation au sein de la société civile et des communautés religieuses».
La République centrafricaine est devenue indépendante de la France en 1960. Pendant des décennies, cependant, elle a connu divers coups d’Etat, des violences et le pillage de ses propres ressources, notamment l’or, les diamants et d’autres pierres précieuses. Divers groupes armés, indépendamment de la religion à laquelle ils disent appartenir, ont occupé de vastes zones du pays avec les armes, attaquant des rebelles rivaux et des civils innocents. Les violences ont souvent eu lieu dans les églises et les camps de réfugiés où les insurgés visaient aussi les femmes, les enfants et les personnes âgées. Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadéra, a démontré qu’il n’était pas capable de gérer la crise ni à l’intérieur ni à l’extérieur de la capitale Bangui.
[ Matteo Fraschini Koffi ]