Au Malawi, les plaies dues aux escarres peuvent être provoquées par la manière dont on dort. Les uns contre les autres, allongés sur le côté car, même au sol, il n’y a pas de place pour tous. De temps en temps, un gardien hurle un ordre et tous doivent se tourner de l’autre côté. « Plus que des cellules – explique Paola Germano de la Communauté de Sant’Egidio – ce sont des cavernes sans espace, air ni lumière. Les conditions carcérales sont très critiques en Italie, mais elle sont dramatiques au Malawi, l’un des pays les plus pauvres du monde selon l’ONU ». Sant’Egidio – avec plus de 10 000 membres dans ce petit pays africain – est présent dans 15 prisons malawiennes depuis 14 ans. Derrière les barreaux, tout manque : les lits, la nourriture, les médicaments, les couvertures. Il n’y a pas d’eau pour boire, se laver, cuisiner ni assurer le minimum d’hygiène indispensable. La Communauté a donc construit le système hydrique de quatre prisons : samedi 14 juillet a eu lieu l’inauguration de 6 robinets, douches et cabinets de toilette dans le centre de Mulanje, à la frontière avec le Mozambique et au pied de la grande montagne qui pour beaucoup est remplie d’esprits. Ce fut une grande fête, aussi pour les maisons alentour : l’eau arrivera également chez les riverains. Un chœur mixte de détenus et d’habitants « au-delà des barreaux » chantait : « Comunity, unity ».
« Notre premier engagement – raconte Paola Germano – est de visiter les prisonniers, en construisant un rapport d’amitié et des ponts entre dedans et dehors. Nous connaissons plus de 10 000 détenus ». Au Malawi et dans d’autres Etats africains existe un fort désintérêt pour les détenus : « leurs cas – poursuit-elle – tombent dans l’oubli et ils vieillissent derrière les barreaux. Avec nos « legal clinic », nous nous occupons de personnes dont même les motifs de l’incarcération sont oubliés de tous ». Sant’Egidio a libéré plus de 3500 personnes au cours des douze derniers mois, y compris un monsieur âgé de 80 ans, détenu avec son petit-fils de 13 ans : accusés d’un vol jamais prouvé, ils vivaient enfermés depuis une dizaine d’années, squelettiques. « On mange – dit Mme Germano – une sorte de polenta une seule fois par jour. Pour ceux qui n’ont pas de proches pour leur porter de la nourriture, il est vraiment difficile de survivre ». Souvent on finit en prison pour des petits vols afin de manger ou pour des raisons absurdes : « de nombreux jeunes des rues sont arrêtés car ils n’ont pas de carte d’identité, celle-ci étant payante ». Au Malawi, il n’existe pas de registre, le programme BRAVO! de Sant’Egidio enregistre donc les enfants à l’état civil.
Nombre des dix-mille membres de Sant’Egidio sont des jeunes : « C’est d’eux que vient l’espérance de changer un pays où toutes les infrastructures dépendent de deux générateurs électriques, la famine est endémique et les inondations pour raisons climatiques sont fréquentes ».
En attendant, depuis la colline de Mulanje, deux fois par semaine, on entend des chants religieux. De l’amitié avec les membres de la Communauté qui visitent les détenus a en effet émergé une demande de prière et d’espérance : au sein de la prison est né un groupe de Sant’Egidio, formé d’une centaine de détenus et de quelques gardes. Germano raconte : « ils aident les détenus les plus faibles et ils font la prière deux fois par semaine. L’évangile est pour tous ».
[Stefano Pasta]
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