La peine de mort dans le monde : des signaux positifs. Les exécutions sont passées de 1500 à 483. L’engagement de la Communauté de Sant'Egidio

Entretien avec Mario Marazziti - Corriere della Sera

"La peine de mort est une pandémie qui accompagne l'humanité depuis l'époque du code d'Hammurabi. Aujourd'hui, cependant, elle perd sa charge virale et la liste des pays qui rejettent cet instrument barbare, désormais considéré par la communauté internationale comme étant comparable à des crimes tels que la torture ou l'esclavage, ne cesse de s'allonger".

Mario Marazziti, membre de la Communauté de Sant'Egidio et cofondateur de la Coalition mondiale contre la peine de mort voit enfin des signes positifs, après des années de lutte,  "mais il reste encore beaucoup à faire. Dans le monde entier, il y a au moins 32 000 personnes dans les couloirs de la mort. Et aujourd'hui, en la Journée internationale du Volontariat, et je voudrais remercier les milliers de personnes qui écrivent aux condamnés à mort. En tant que Communauté, en 20 ans, nous avons mis plus de 15 000 volontaires en contact avec des condamnés à mort dans huit pays du monde. Écrire aux prisonniers est un acte de générosité important".

Pourquoi ?

"Une correspondance est très compliquée, mais elle humanise la terrible condition des personnes dans le couloir de la mort. Les lettres qui arrivent de l'extérieur représentent souvent le seul échange humain de ces personnes. Ces rapports ont parfois donné lieu à des mobilisations qui ont permis d'annuler la condamnation de personnes innocentes.

Quels sont les pays où le nombre d'exécutions est encore élevé ?

"Certainement des pays comme l'Iran, ou des États arabes comme l'Irak et l'Arabie saoudite, qui sont en déclin. En Égypte, malheureusement, ils ont triplé d'une année à l'autre".

Il y a aussi le chapitre sur la Chine, où l'on parle de milliers d'exécutions chaque année, les organes étant ensuite prélevés et vendus...

"La Chine, la Corée du Nord et le Vietnam ne fournissent pas de données, mais on pense que le nombre de décès est très élevé, même s'il existe des signes d'atténuation du phénomène. En Chine, par exemple, les tribunaux locaux ont récemment été dépouillés de leur compétence en matière de peine capitale et on estime que cette seule mesure a permis de réduire le nombre d'exécutions de 30 %".

Quelle est la situation aux États-Unis ?

"Nous sommes aux niveaux les plus bas de ces 20 dernières années, bien qu'au cours des six derniers mois de la présidence Trump, 13 condamnations aient été effectuées dans l'Iowa, une escalade sans précédent à ce jour dans le pays".

Les chiffres globaux ?

"La situation s'est clairement améliorée. En 1977, il y avait 16 pays abolitionnistes, aujourd'hui il y en a 144 qui ont aboli la peine de mort en droit ou de fait. Le nombre d'exécutions enregistrées au cours des cinq dernières années a été divisé par trois, passant de plus de 1.500 à 483 dans le monde, bien que des données manquent pour certains pays, comme la Chine".

Qu'est-ce qui a provoqué cette baisse ?

"Certainement l'engagement et le travail de sensibilisation d'acteurs importants comme l'Union européenne et l'Église, mais aussi la mobilisation des associations, des organisations et des communautés. En 2001, Sant'Egidio a lancé le mouvement Villes pour la vie, qui a débuté avec l'adhésion de 58 villes. Aujourd'hui, il y en a 2.446, y compris des capitales d'États qui n'ont pas encore aboli la peine de mort, comme Séoul (Corée du Sud) et Dakar