Des richesses à offrir. Réflexions sur les aînés et la Bible

La recension de l'ouvrage dans l'Osservatore romano

 

Parmi les réflexions et les enseignements que cette pandémie nous a obligés de prendre en compte, le « retour à normalité » devra intégrer les bifurcations et changements sociaux qu’il conviendra de dissocier de la « normalité » passée, en incluant d’autres valeurs et d’autres priorités. Reconstruire un avenir qui inclue et qui cesse de marginaliser les personnes âgées doit compter au titre de ce qui est important et nécessaire, non seulement parce que les aînés sont précisément ceux qui ont payé le prix le plus fort en termes de pertes, mais aussi en raison de la solitude dramatique qu’ils ont dû vivre dans les hôpitaux, les EHPAD ou entre les murs d’un habitat qui, souvent, n’est pas partagé. Gli anziani e la Bibbia. Letture spirituali della vecchiaia [Les aînés et la Bible. Lectures spirituelles de la vieillesse] (Brescia, Morcelliana, 2020, 224 pages, 18 euros) est un livre auquel les auteurs avaient commencé à travailler avant le Covid-19 et qui offre un moyen d’approfondir et de considérer plus longuement, à travers les vieillards de l’Ancien et du Nouveau Testament, la force de ces figures.

L’ouvrage a été écrit par Maria Cristina Marazzi, médecin et professeur des universités, consultante pour les projets internationaux de solidarité avec les catégories les plus faibles en lien avec la Communauté de Sant’Egidio, Ambrogio Spreafico, évêque de Frosinone-Veroli-Ferentino depuis 2008, bibliste, professeur d’écritures saintes et, depuis 2016, président de la commission pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux de la conférence épiscopale italienne, et Francesco Tedeschi, prêtre et professeur de liturgie et de théologie sacramentaire, présent auprès de la Communauté de Sant’Egidio dans l’activité pastorale et de soutien aux personnes âgées.

Préfacé par Andrea Riccardi, historien et fondateur de la Communauté, l’ouvrage raconte entre autres l’histoire de Noé, d’Abraham, de Job, de Zacharie, de Nicodème, de Syméon et d’Anne. Il nous rappelle leur rapport avec la vie et la société de l’époque, la transmission aux jeunes de la sagesse et de l’amour, le dynamisme de leur vie spirituelle malgré le ralentissement lié à l’âge. Or, aujourd’hui que la vie s’est allongée et que le peuple des aînés forme une partie considérable de nos villes, nous ne nous sommes pas interrogés sur l’évolution de leur rôle, sur la valeur ajoutée qu’ils peuvent offrir à leurs congénères par affinités comme à nous tous. Nous ne sommes pas parvenus à dire précisément ce que signifie une société pour tous, dont chacun fait partie intégrante par ce qu’il peut offrir et recevoir : « Il en a été de même dans l’Église, alors même que le peuple âgé représente une part substantielle des fidèles. On a peu pensé aux anciens. La pastorale a regardé les jeunes, voyant en eux l’avenir — explique Andrea Riccardi en présentant l’ouvrage— ; les personnes âgées ont souvent été les “usagers” sûrs, ceux à propos desquels il n’était pas nécessaire de se poser des questions et sans doute ne leur a-t-on pas prêté une oreille attentive... Quel dommage ! Car cette existence prolongée représente vraiment un signe pour l’Église et pour la société d’aujourd’hui ».

Il est assurément difficile de décrire la richesse et la valeur ajoutée que peuvent apporter les personnes âgées aux messages quotidiens émanant du monde réel et virtuel, où prouesses et efficacité physiques sont déterminants, alors même que les aînés demandent à être partie prenante de nos vies. Ils sont nombreux à le démontrer, comme ceux, par exemple, qui, par le biais des activités du mouvement « Vive les aînés » créé par la Communauté de Sant’Egidio, œuvrent chaque jour sur le territoire communal : « Dans ma vie aussi, il y a encore beaucoup à faire— explique Maria Sofia Soli, de « Vive les aînés » — je suis une grand-mère de 87 ans et aider les personnes de mon âge moins bien loties et chacun de nous, avec les capacités que nous avons, est une consolation et en même temps une forme de prière ».

par Susanna Paparatti

L’Osservatore romano, 20 avril 2021

[traduction de la rédaction]