Les médiations indispensables. Editorial de Marco Impagliazzo pour Avvenire
PAIX

Les médiations indispensables. Editorial de Marco Impagliazzo pour Avvenire

Des otages et des innocents à Gaza

Face à l'horreur des images et des récits de massacres commis dans la guerre brutale déclenchée par le Hamas contre Israël, on reste horrifié et sans voix. Les massacres perpétrés par le Hamas sont le résultat d'une stratégie terroriste précise, nourrie par un récit unilatéral et victimaire sur le sort des Palestiniens, fondé sur la bipolarité de la haine. Le Hamas vise à prouver que tuer des civils israéliens en grand nombre est politiquement justifiable, sauf que ça ne l'est jamais, surtout lorsqu'il s'agit d'enfants. Ces méthodes sont similaires à celles de l'Isis : elles sont faites pour impressioner et terroriser.

Les dirigeants du Hamas ne se soucient pas du prix payé par les civils palestiniens, leurs otages. Pour le Hamas, chaque Israélien est un ennemi à abattre et chaque Palestinien un "martyr" potentiel sur le marché de la terreur. Ses dirigeants sont en sécurité dans certains pays du Moyen-Orient.

Le Hamas veut le pouvoir absolu sur les Palestiniens de toute la région, y compris les Israéliens, il combat la normalisation des accords d'Abraham, il provoque une forte réaction israélienne (prévisible), et il transforme le kidnappé en bouclier humain. Cette énième guerre devient la plus cruelle depuis 1948 parce qu'elle frappe des civils et des enfants. Elle restera dans la conscience du peuple israëlien comme une blessure difficile à cicatriser. Elle marquera la fin d'une génération entière à Gaza.

En tant qu'amis d'Israël et de la paix, nous avons le devoir de nous demander comment guérir cette haine et le désir de vengeance qui l'alimente, nourri par un climat d'hostilité qui n'a que trop duré sur une terre comme la bande de Gaza, où la vie est impossible et sans avenir. Nous ne pouvons pas nous bercer d'illusions en pensant que nous "resterons en bonne santé dans un monde malade", comme l'avait dit le pape François.

Nous avons besoin de stratégies immédiates pour éviter le bain de sang, en commençant par la vie des innocents. Le secrétaire d'État américain Anthony Blinken a déclaré à Jérusalem que "toutes les précautions doivent être prises pour éviter que des civils ne soient blessés". Il faisait référence aux otages israéliens, aux civils israéliens menacés par les roquettes du Hamas, mais aussi aux civils palestiniens, aujourd'hui privés d'électricité et d'eau, de médicaments et de nourriture, enfermés dans la bande de Gaza ou faisant la queue pour répondre à l'ultimatum d'Israël en quittant le Nord.

Ici, 60% des habitants sont des enfants et des jeunes, pris entre la violence du Hamas et les représailles israéliennes. Leur mort ne profite à personne et ne peut correspondre à aucun bénéfice. Mais ce sont eux, après les victimes israéliennes, qui paient. Le droit international humanitaire doit être respecté, consacré par les conventions de Genève et de La Haye, qui oblige "les parties en conflit à prendre toutes les mesures possibles pour protéger la population et les biens civils" et interdit "l'utilisation des civils comme bouclier protecteur". Par conséquent, une population ne peut être réduite à la faim et à la soif.

Les propositions de l'Égypte et d'autres pays sur les couloirs humanitaires pour réapprovisionner Gaza ou évacuer les civils sont importantes pour ouvrir une issue face à l'escalade militaire. Les États-Unis doivent user de leur influence pour contenir la réaction militaire dans des limites raisonnables. Le Saint-Siège est également prêt à servir de médiateur pour la libération des otages et des innocents de Gaza. Il faudra ensuite, à moyen terme, revenir à la politique : la solution à deux États imaginée il y a si longtemps et jamais réalisée.

L'Autorité nationale palestinienne doit sortir de la léthargie de ces dernières années et devenir un interlocuteur valable. Le Parlement israélien doit trouver un difficile consensus bipartisan sur les plans de paix. La haine qui a explosé en ces jours terribles ne peut garantir la sécurité de personne : seule la politique peut le faire. Il y a une leçon à tirer de décennies de négociations interrompues ou incomplètes : chaque fois que l'on a tenté d'arracher plus ou de concéder moins, on a obtenu l'effet inverse. Oslo, Camp David, la "Feuille de route pour la paix" ont marqué des avancées politiques importantes, mais une grande partie de ces décisions ont sombré dans le bipolarisme de la haine et du ressentiment, provoquant la lassitude, même dans la communauté internationale.

Le climat belliqueux qui s'installe dans le monde, avec la guerre en Ukraine mais aussi au Nagomo Karabakh, en Afrique, en Syrie, en Libye et au Yémen, ne doit pas nous étourdir. L'étourdissement conduit à l'idée que la guerre est le seul instrument à notre disposition. C'est ainsi que l'on laisse les crises s'envenimer : on prépare les guerres de demain. Il n'y a pas de "conflit gelé" : il n'y a que des crises qui doivent absolument se terminer par la paix. Et aujourd'hui, la paix dans cette zone de la Méditerranée ne peut venir que d'un effort commun de pays volontaires qui ont à cœur le sort du monde.

[traduction de la rédaction]